|
|
Connue
depuis des siècles pour sa chair tendre et goûteuse, la loutre est
devenue au fil des âges beaucoup plus qu'un simple animal chassé pour
les mets succulents qu'elle permet de cuisiner.
En effet, plus que sa chair ou même sa fourrure, c'est avant tout par plaisir que des générations de chasseurs ont traqué, sans relâche, les loutres de toutes espèces, qu'elles soient des bois, des forêts, des marécages ou des marais. Le néophyte pourrait se poser la question d'un tel acharnement devant cet animal sans défense, mais en fait, la coutume est plus profonde et plus vieille que la majorité des us hérités de nos ancêtres : la chasse de la loutre est devenue un symbole, parfois même un cérémonial dans la grande famille des chasseurs. Aujourd'hui, la chasse à la loutre est encore enseignée dans quelques cités, et surtout celles qui désirent avant tout conserver une certaine renommée et noblesse. Les jeunes crouvots se rassemblent au coin du feu et les vieux briscards, bière à la main, leur détaillent leurs nombreux exploits, leurs traques, leurs dépeçages de loutres. Car n'oublions pas une chose, la loutre est vicieuse et rien n'est plus compliqué et plus difficile que de chasser la loutre, surtout la désormais célèbre loutre des bois ! La rumeur faisant son travail, tous les petits crouvots en ont peur, et c'est même devenue une expression employée par les mères des petits crouvots pas sages : "Si tu ne finis pas ta soupe, la méchante loutre des bois viendra te manger!"
|
|
Notre
héritage du Moyen-Âge :
Le patrimoine de nos ancêtres, légué de générations en générations, nous a permis de conserver une trace de la pratique de la chasse à la loutre telle qu'elle était pratiquée au Moyen-Âge par les chasseurs, nos arrières-arrières-...-arrières-grands-pères. Dans le grand château de la Cité, face au trône, est encore aujourd'hui accrochée la merveilleuse toile peinte au XIIIème Siècle nommée "Prends ça dans ton groin". La voici présentée pour vous.
|
|
![]() |
Admirez
le travail !
Il s'agit de la fameuse technique dite "de l'étouffade" : les chiens rabattent la loutre jusqu'à ce qu'elle se réfugient dans le milieu où elle est la plus agile : l'eau. Mais en fait, c'est un piège inventé par les Grands Seigneurs de la Cité, le courant emporte la loutre jusqu'aux portes de la Cité. Dès lors, la non moins fameuse technique de "l'éperonnage dans l'œil" permet au chasseurs de transpercer la loutre (de préférence dans l'œil, pour que la malheureuse ne voit pas sa douleur). Une fois dépecée, elle finira en festin, où même les crouvots seront parfois conviés et peuvent ronger quelques os.
|
Trophée
de chasse au début du XXième Siècle :
Bien que traquée pendant des siècles, la loutre reste relativement abondante jusqu'au début du XIXième Siècle. Les armes et techniques se perfectionnent, mais grâce à sa vitesse et sa dextérité, la loutre parvient à échapper relativement régulièrement aux chasseurs, qui sont alors la risée du village lorsqu'ils reviennent "brocouilles" (expression datant du XVIième Siècle). En plus d'être agile, la loutre peut parfois être agressive et on déplore quelques cas d'attaques mortelles de jeunes crouvots innocents, pris par surprise (et souvent par derrière) par des vieilles loutres coriaces. Les armes à feu vont marquer un tournant dans les techniques de la chasse à la loutre. Désormais, les loutres n'auront plus de répit et la chasse devient un sport très apprécié de la bourgeoisie, qui expose ses trophées dans des galeries ouvertes dans la Cité. Un musée entier est alors ouvert, dédié au culte de la chasse à la loutre. Les loutres passent des années noires et en 1858, la dernière loutre des marécages est tuée par un grand chasseur de la région, après une traque de plusieurs jours. Elle fait l'objet d'un trophée exposé dans le musée, ayant acquis une renommée mondiale. Mais c'est le drame un soir de février 1862 : un crouvot pas bien malin et l'esprit bien embrumé par des herbes venues d'ailleurs (c'est ce que l'autopsie révèlera) met le feu au musée. Malgré les efforts acharnés des heures durant de l'ensemble de la population, le musée est ravagé par les flammes et tous les trophées disparaissent, consumés dans l'incendie. Tous sauf un ! Le trophée de la Dernière Loutre des Marécages est sauvé des flammes par un grand chasseur de loutre la cité qui périra en voulant sauver une seconde oeuvre. De nos jours, le sauvetage du trophée est célébré chaque année, le 1ier février, en reconnaissance de cet homme devenu saint. Le trophée se trouve aujourd'hui également dans le palais de la Cité, dans une des pièces les mieux gardées de tout le Royaume. Elle vous est présentée ci-dessous, pour votre plus grand plaisir.
|
|
Le fusil est un modèle spécialement
conçu pour la traque de la loutre des marécage : le canon plus long
permet une meilleure visée et les projectiles sont des sortes de petits
suppositoires, employé dans la technique de "l'enfionnage"
consistant à viser le derrière de l'animal.
On remarquera la présence d'un appeau à loutre dans la poche de la veste du chasseur. Il reproduit à s'y méprendre le cri de la femelle loutre en chaleur, afin évidemment d'attirer la loutre des marécages, très encline à la reproduction. On remarquera également que pour mieux conserver la saveur de la cervelle de la loutre, la technique de "l'étendage tête-en-bas" a été employée. L'afflux de sang monté au cerveau le fait gonfler (sa petite taille naturelle ne permettant pas d'en faire un plat nourrissant).
|
La chasse de nos jours :
Fortement réglementée de nos jours, la chasse à la loutre est devenue un sport privilégié, réservé aux plus aguerris des chasseurs, où l'objectif est la recherche du plaisir de trucider la bestiole avant toute chose. Les captures sont assez rares et c'est toujours un événement que de réussir à capturer une loutre. De plus en plus, la chasse s'est transformée en capture et les grands spécialistes ont même récemment réussi à emprisonner une loutre des bois, animal particulièrement rare et difficile à attraper. Une nouvelle technique dite "Loutrage de tête" à base d'herbe péruvienne et de boisson alcoolisée, mise au point après plusieurs années de recherches intensives, semble faire ses preuves. Ci-dessous le spécimen de loutre des bois capturé avec les appâts que nous venons de décrire. |
|
Comme la photo le montre avec précision,
l'œil de la loutre semble un peu hagard, dans le vide.
Il apparaît que la consommation de cet appât à des conséquences assez néfastes sur la dextérité, la rapidité et l'acuité de la loutre. Après un ingestion plus importante, il a même été constaté des vomissements chez des loutres encore un peu jeunes. |
Recette du steak de loutre à la bière : | |||
Ingrédients :
|
Steak de loutre nature |
Saisir la loutre encore vivante, bien
vivace. Prendre un couteau, de préférence avec une lame un peu
rouillée, et cisailler les poils de la loutre dans le sens inverse de
pousse du poil. Le poil ne partira mieux, mais la loutre aura plus mal !
Une fois la loutre complètement nue, la vider. Faire une belle entaille, de la gorge au trou du cul et ouvrir la fente. Normalement, la loutre devrait y succomber rapidement. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez toujours l'achever à coups de manche de couteau dans les yeux. Le déboyautage n'est pas une partie de plaisir car les tripes de la loutre renferment très souvent des matières assez nauséabondes, compte tenue de son alimentation peu recommandable. Une fois la loutre complètement vidée, la rincer abondamment, à l'eau de javel pour tuer les microbes. Prenez un bel oignon et enfoncez-le fermement dans l... oesophage de la loutre (ou un autre trou de votre choix si l'œsophage est bouché). Couper la loutre en deux au niveau du bassin. Découper la partie inférieure de la loutre en petits dés, retirer les os, puis mixer les dés jusqu'à obtenir un beau steak haché de loutre. Plonger la partie supérieure de la loutre dans une grande marmite, avec les 6 doigts de bière, la crème fraîche, le lard et les 2 cuillères à soupe de farine de crouvot (en vente dans tous les bons magasins spécialisés). Laisser frémir la loutre jusqu'à décomposition afin obtenir une belle sauce épaisse, de couleur un peu jaunâtre. Dans une belle poêle, faire fondre 2 cuillères à soupe de beurre de nioubie. A ébullition, déposer le steak de loutre dans la poêle, la couvrir et laisser cuire à feu très doux entre 1h et 1h10 (la viande de loutre est particulièrement dure, donc la cuisson doit être très longue). Servir dans une grande assiette le steak cuit, et arrosé copieusement de la sauce issue de la marmite, afin de relever d'un léger goût d'oignon. Régalez-vous ! |